Etre un artisan du Nous...

    Notre culture occidentale pousse fortement chacun de nous à cultiver sa différence, jusqu’à faire perdre de vue que nous sommes fondamentalement des êtres de lien : sentir que « nous sommes cela ensemble » ou « nous faisons cela ensemble » est un besoin vital.

    C’est de fait une expérience quotidienne. Mais elle est de qualité très variable, justement parce qu’elle relève d’un besoin vital qui, à côté de « nous » intéressants, stimulants, nourrissants, constructifs, peut aussi nous enfermer dans des « nous » stériles, douloureux, étouffants, destructeurs... Chacun connaît les « nous » difficiles des tensions de couple, des malentendus, des colères interdites, des dialogues impossibles, des rapports de force figés etc.

    Le chemin de conscience et de pratiques qui mène vers des « nous » fertiles – dans lesquels il s’élabore avec l’autre un accord, une entente, une alliance mutuellement profitable - demande ou développe une disposition spontanément accueillante et solidaire à l’égard de nous-mêmes, de nos semblables, et du monde en général. Cette disposition n’est pas universelle ; elle est cependant répandue en tant qu’aspiration ou intention. Beaucoup de personnes sont donc sensibles et touchées par une perspective qui, à travers le mot « nous », parle d’accueil, de solidarité et d’approfondissement des liens. Faire de cette sensibilité la base d’un engagement personnel, c’est devenir un artisan du Nous d’alliance.

les différents registres de l'Artisanat du Nous

    Notre vie est nécessairement relationnelle. "Nous sommes ceci ensemble" ou " Nous faisons cela ensemble" est une expérience quotidienne :

    • Avec nos proches : en couple, avec parents et enfants, avec nos amis, nos collègues, nos supérieurs ou subordonnés, nos clients… c'est le « nous » interpersonnel, qui sollicite notre « Je » dans une relation Je-Tu.

    • Avec nous-mêmes, compte tenu de la diversité des contenus de notre vie psychique : c’est le « nous » intime sur lequel s’appuie notre « Je » et qui reflète notre plus ou moins grande cohésion personnelle.

    • Et enfin, dans nos relations avec notre environnement plus large : en tant que citoyens, avec notre famille socio-culturelle, avec la nature, l'univers, la transcendance… C'est le « nous » d'appartenance, de participation, qui inscrit notre « Je » dans ce qui est plus grand que lui.

    Tous ces « nous » ne sont pas vécus comme souhaités, faciles d’accès ou faciles à vivre. Les personnes qui recourent à la psychothérapie le font toujours parce qu’elles se sentent prisonnières, perdues ou perdantes dans une ou plusieurs situations de « nous ». C’est notamment avec le praticien comme vis-à-vis présent, attentif et engagé, ou/et dans un travail en groupe, qu’elles vont pouvoir faire l’expérience et l’apprentissage de « nous » meilleurs : vivants, nourrissants et fertiles.